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Une sexualité modèle


des mannequins immobiles
semblables et normés

Faut-il apprendre à faire l'amour ?  Que sait-on réellement de la sexualité ? Qu'est-ce qui nous a été transmis ? Est-ce que je suis normal.e ? Est-ce que je dois consulter ?


De nombreuses personnes arrivent en entretien avec ce lourd fardeau et ce besoin de déposer leur impression d'anormalité. Leur incompréhension dans un corps qui semble ne pas fonctionner comme les autres. Ils se sentent comme à côté d'un rail, sans possibilité de profiter du voyage amoureux. Ils se disent incompétent.e, insuffisant.e, inférieur.e et surtout insatisfaisant.e et insatisfait.e


Alors oui, on a communément l'habitude de parler en termes de troubles et de symptômes quand on va voir un spécialiste : trouble de l'érection, absence d'orgasme (anorgasmie), douleur à la pénétration, vaginisme, précocité,... Autant d'étiquettes pour parler d'une réalité sensible, de cœurs et de corps qui fragilement se frôlent, portant parfois des traces invisibles et inconscientes que nous essayons de décoder. 


Aujourd'hui, nous avons très envie de reprendre avec vous quelques éléments de culture indispensable pour penser (et panser) cette situation douloureuse et de partager  notre expérience d'accompagnateurs de couples.  Nous recevons de nombreuses personnes qui, soucieuses de vivre une relation épanouissante, réfléchissent sur leur sexualité et leur communication.  Force est de constater que souvent ceux qui se sont d'abord ardemment désirés s'éloignent progressivement les années passant.


Que sait-on de la satisfaction sexuelle ?

L'enquête européenne sur la sexualité féminine menée en 2012 révèle que c'est dans l'hexagone qu'on compte le plus de femmes insatisfaites de leur vie sexuelle : 35% exactement. Cette étude montre également une montée de l'inactivité sexuelle des Européennes : 37% n'avaient pas eu de rapport sexuel au cours du dernier mois, sachant que c'est en France que l'on comptait le plus de femmes sexuellement inactives (41%) . 

Une statistique parue en 2019 par Statista Research Departement montre que l'évaluation globale d'un rapport sexuel était de 24 minutes (26 minutes selon les hommes, 22 selon les femmes).


Que sait-on de la normalité en matière de sexe ?

C'est Freud qui, le premier, s'est intéressé à une description de la sexualité. Dans son livre "Trois essais sur la théorie sexuelle" il détaille le canevas classique d'un acte hétérosexuel en plaçant l'accent sur la finalité créative. Ce qu'on vise ici, c'est une sexualité axée sur un résultat : un rail tendu vers un objectif éjaculatoire.  La procréation.  La pièce se déroule en trois actes : préliminaires (présentation et excitation des personnages), pénétration (drame et intensité grandissante) et dénouement (orgasme et libération).

En biais de ce schéma : les perversions qui seraient la conséquence d'une fixation à un stade antérieur de développement et la probabilité d'un traumatisme dans l'enfance qui justifierait l'anormalité.


Cette obligation de résultat a été fortifiée par la communauté scientifique en 1956 par la parution d'une étude menée par Master et Johnson qui a solidifié la vision de Freud en plusieurs étapes : excitation - plateau - orgasme - résolution. Leur travail fait office de révolution à l'époque et leur ouvrage de synthèse a un impact énorme.  Il établissent une courbe : et là à nouveau se dessine une voie à suivre.  L'injonction sous-jacente étant de trouver cette voie et de la suivre jusqu'au bout.


Citons enfin le rapport de Shere Hite en 1976, qui, historiquement, fait suite au mouvement de la révolution sexuelle et recueille les témoignages des femmes sur les thèmes suivants : la masturbation, l'orgasme et son importance, le vécu du coït, la stimulation clitoridienne et les pratiques associées, le saphisme, l'esclavage sexuel, la révolution sexuelle, la sexualité de la femme âgée. Ce livre a fait scandale : sa principale conclusion étant que la plupart des femmes parviennent à l'orgasme toutes seules et trouvent peu de plaisir dans une sexualité hétérosexuelle. Et de nouveau, nous en arrivons à une vision qu'on pourrait dire "orgasmocentrée" qui comporte également une part d'injonction à l'efficacité.


Une sexualité modèle... Une injonction réelle

Étrangement, on s'aperçoit donc que c'est là où on aurait pu s'imaginer libre de tout, que finalement on se contraint. Finalement, on n'est pas si exempt que ça de représentations inconscientes issues de notre héritage culturel et historique. Dans la joie sauvage de nos retrouvailles instinctives s'insinuent des scripts et des codes profondément imprimés.


C'est à regret que nous voyons nos lits colonisés par une injonction de résultat où l'orgasme devient une sorte de minimum syndical et où la perte de confiance en soi s'insinue aussi vite que dans une salle de sport où on se comparerait aux athlètes qui s'entraînent à côté de nous. Parce que dans notre imaginaire les autres s'en sortent mieux, ils savent et ils maîtrisent, eux. Ils seraient médicalement, socialement et sexuellement normaux.


Alors on cherche le ou la partenaire qui sait s'y prendre, on l'attend, on fantasme et on espère la connexion cosmique. On regrette d'être cet être si imparfait et de ne pas être celle ou celui qui ramène le trophée olympique du sexe. Pire, nous développons un discours intérieur qui se confirme et se répète pendant que nous faisons l'amour : je ne la/le satisfait pas, ce que je fais n'est pas conforme, je ne devrais pas ressentir ceci, avoir envie de ça, je devrais vivre ceci, je ne devrais pas m'ennuyer,...


Et cette ritournelle culpabilisante peut même s'incruster dans notre pensée alors même que nous faisons l'amour, mettant la simple joie des corps dans une ombre glaçante. Et quand cette tristesse s'invite entre nos draps, elle s'avère difficile à déloger, surtout quand on ignore ce qui se passe.


Nous entendons trop de discours auto-critiques pour continuer à laisser circuler l'idée que tout est parfait pour les autres et vous êtes un cas singulier.  Dans la pratique, même les couples qui semblent bien se porter en apparence, éprouvent, à un moment ou l'autre de leur histoire, le besoin de revenir sur ce qui se passe dans la relation et de repenser ses rouages.


De nouvelles pratiques, oui, mais sans diktats !

C'est en réponse à ce besoin que s'inscrivent les démarches thérapeutiques : entretiens et stages de couple, pratique du tantra, libération émotionnelle, approches psycho-corporelles,... Nous vivons un moment riche en termes de propositions et de possibilités de prendre soin de soi.


Cependant nous voudrions juste revenir sur un écueil auquel nous nous trouvons confrontés qui consisterait à considérer que devenir un amant/une maîtresse plus conscient/e, plus lent/e ou plus savant/e constituait un nouvel objectif à atteindre.

Se forcer pour ralentir n'a pas de sens en soi et parfois, le terme même de slow sex est ambigu dans la mesure où on pourrait s'imaginer que le but est dans le ralentissement : faire de la lenteur une nouvelle obligation n'est pas notre propos.


Tout comme la maîtrise de l'érection, de la rétention ou de la libération de l'orgasme ne sont pas des compétences à travailler. Nos corps ont une intelligence propre. S'adresser à eux avec une curiosité et une ouverture compréhensive permet de nous réconcilier avec qui nous sommes, tels que nous sommes.


Le potentiel du couple

Goûter à l'écoute de notre corps, ressentir ce que cela crée en nous ainsi que la proximité de l'autre, qui est également dans cette intention : voilà l'expérience que nous voyons les couples faire, jour après jour, dans une démarche consciente pendant les stages.


Et aujourd'hui, nous pouvons affirmer que chaque couple possède des ressources et un potentiel de guérison : les partenaires se choisissent avec une intelligence qui nous dépasse !


Notre approche consiste à redécouvrir la ressource qui existe à l'intérieur de vous et entre vous. Nos corps sont avides d'être réinvestis et revitalisés : ils ont besoin de temps, d'attention et d'un soin tout particulier


Revenir à l'intérieur de soi et redécouvrir les perceptions subtiles sans attente, sans recherche de résultat constituent la clé de nos retrouvailles.  Pour que nos corps se fassent chair à nouveau et sortent des carcans des modèles, c'est d'amour dont ils ont besoin.


Et loin de l'étiquetage pathologique, loin des scripts, de la critique et des diktats, nous vous proposons un voyage en pays pacifique où il fait bon prendre le temps d'aimer et de se laisser tranquille.


Avec Coeur,


Anick & Olivier    








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